jueves, 22 de mayo de 2008

LA MORT-POEMAS DE WINSTON MORALES CHAVARRO EN FRANCÉS


VIII
LA MORT



A Laurent Vigouroux, mort à Iquítos, Perú, le 24 avril 1999.



Comme située dans un espace vague et lointain
la mort se rapproche
jusqu’à nous prendre par le bras.

On peut penser qu’elle est notre ombre ou notre rêve,
peut-être une soeur aînée
qui depuis longtemps abandonna la maison
mais qui de biais
surprend par sa présence de vague
ou de pleurs d’enfant prodigue.

Dans l’ivresse de la nuit
la mort
avec son chant de corneille,
avec ses halos d’ or qui se jettent dans le feu,
nous réveille du rêve ou de la léthargie
nous pousse vers la sérénité définitive de ce qui est obscur.

Alors comprendrons-nous
que toujours elle a été proche
que sa présence était comme la rumeur d’un fleuve
bordant la berge de notre embouchure la plus proche.

Mais à l’heure de l’ abîme
à l’ heure du concert fatidique
- quand l’oiseau Fanza chante son requiem dans l’arrière-cour
ou rêvent d’antiques cloches -
la mort nous est si particulière
si connue
que son ombre impénétrable
subite se transforme en éclatements de feu
et la nuit horrible
en un labyrinthe de parfums
d’où commencent à fleurir des anémones
dans la distance solaire de l’autre rivage.


Traducción de Marcel Kemadjou Njanke-Camerún






XXVI



Il y a une femme dans ma maison
qui regarde je ne sais vers quel coin, vers quel
monde
une femme dont le dos
constitue le vent ;
l’ arbre de la nuit
comme une oraison pour les cas difficiles.
Il y a une femme
que je ne connais pas
et cependant je sais que c’est un prétexte.
Comme si la rêver ne fut pas suffisante
pour achever de la comprendre,
mon âme se lance vers les hauteurs
comme cherchant je ne sais quelle colline
je ne sais quel précipice.
Il y a une femme qui m’a dépossédé
quand à peine je découvris
que je naquis pour être homme ou rêve.
Une femme de jamboses et guáimaros gigantesques
une femelle douce et transpirante
qui passe comme un fleuve
susurrant vents légers de nostalgie
pour mon monde vraisemblable y fantastique.
Il y a une femme dans mes rêves
une femme qui regarde je ne sais vers quel endroits
vers quel coins.
Une femme à qui les arbres, les oiseaux
et inclus les sphères
parlent quotidiennement
avec une vocation merveilleuse
et lui communiquent les secrets insondables
des pierres et des fleuves.
Il y a une femme qui regarde vers mes mondes souterrains
et décante avec ses poumons balsamiques
toutes les ombres qui m’ habitent
une femme qui connaît tous les mystères de mes
nuits
la douce lune impétueuse
de mon angoisse.



Traducción de Marcel Kemadjou Njanke-Camerún






VIII


Aniquirona
Je n’ai pas peur de toi
avant je t’aimais.

Le chemin comme un miroir
me montre un à un tes raccourcis, le commencement.

Ecoute la voix des oiseaux-moqueurs !
Pied nu,
nu
et fou
sans la niaiserie du temps enfant
je dois me fondre dans la respiration de l’air
devenir particule de ton cosmos.

Pour arriver à toi
il ne sert à rien de me questionner sur les usages de la case
ni même déplacer les meubles
pour que l’ambiance paraisse distincte
il ne sert à rien de prendre chaque matin une route différente
pour croire que cela aboutit à un autre pays
il n’est pas nécessaire d’avancer l’horloge
pour sentir que le temps passe rapidement
ni non plus le reculer
pour croire qu’on vit éternellement
il ne sert à rien de se taire pour que les mots ne s’usent pas.

Il suffit de mettre la tête dans le fleuve du néant
- peut-être jusqu’à la nuque -
et sentir comment la lumière de l’eau
inonde les poumons
et comment son rire rédempteur
nous mouille d’équilibre
et de la liberté sereine
de fouler d’autres chemins.



Traducción de Marcel Kemadjou Njanke-Camerún




V



Que faisais-je
au milieu de ces gens ?
De ce peuple dans l’obscurité ?
Pour quoi ces paroles me crient à l’oreille ?
laisse la lumière à moitié
il n’est pas nécessaire que tu te déshabilles.

Nous Aimer ainsi
sans nous toucher
sans regards
nous aimer sans même nous voir
avec la lumière légère
fermant les yeux sur fautes et querelles.

Là je t’aime
comme tu le proposas
sans même nous dénuder
sans écouter ta respiration
sans écouter la mienne.

Pourquoi au sortir de la chambre obscure
courait cette brise rédemptrice ?

Les places étaient peuplées de faces souriantes
je ne reconnus personne
mais la brise arrivait
et la lumière d’un soleil lointain
n’éblouissait pas ce chemin.


Traducción de Marcel Kemadjou Njanke-Camerún





III


Aniquirona
quand je descends les escaliers de la maison
je pense que c’est une autre manière d’ arriver à Schuaima
-le règne du grand lointain-
Il se peut que descendre
soit une autre forme d’ascension.


de l’autre côté de ce jour
attend le train qui doit nous transporter.

Il pleut,
il pleut
minutes
la route opposée,
va le chemin
contrecoup à ce craquement de paysages.

A la fenêtre
le pont d’arbres
une porte
un arbre d’oiseaux bleus
la rivière d’ escargots
tout s’agglutine autour de nous
seul le train va par le chemin
et avec lui
le chant distant des rails
la musique de la rue
la voix continuelle de la pluie
une lumière lointaine qui m’ appelle.

Silence, silence !
Je m’en vais accroché au vent
je flotte
et me rend compte
que la mort est musique
et qu’il faut l’écouter
avec les oreilles éveillées.


Traducción de Marcel Kemadjou Njanke-Camerún







VII

Etrangère
Danse de feu
Je sais que la mort
C’est être à l’écoute d'autres voix,
Aussi posé-je mon oreille
Contre la cascade de ta rivière.

Je cherche la mort,
je cherche un chemin nu entre les pierres
Je cherche cette voix :
serait-elle un hasard lointain
un hasard proche ?
Peut-être se trouve-t-elle dissimulée
En moi ?

Je sais que là
dans le silence obscur du miroir,
résonne la musique symphonique
de l’autre matin
ma tête s’agite avec le vent
Il pleut
Et j’apprend avec la pluie
le dictionnaire ouvert
du chemin.


Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy


IV.

Une sorcière faite de lumière,
De coquillages et de choraux sous-marins
Dois-je me faire eau
pour extraire une quelconque substance dénonciatrice ?

Pendule suspendu
Entre les golfes de tes mains
Et l'ombre imprécise de ton arbre
Je me meurs, je deviens un être à trois dimensions
Pour tes yeux
Tu sais que là
Dans la grande légèreté sonore de ta rivière
Les battements de mon coeur
Se transforment en notes de musique
Qui convergent avec le courant gonflé
Par la sueur de ton bosquet.


Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy



A t h a n a s e V a n t c h e v d e T h r a c y
38 Boulevard Flandrin
75116 Paris
FRANCE



XIV


Etrangère

Je me demande

A quel point la solitude et l'oubli sont bénis

Jusqu’à quand

Dois-je m’interroger si le naufrage

Signifie naviguer vers ton univers.


La quiétude

Précise

Permet de vivre en compagnie du fantôme

Qui habite l’autre face des choses

Et le silence

Est la ramure

Qui peuple les joncs et les échos

Le miroir auquel est suspendu

L'image des hommes.



Laquelle des pièces de l'oubli

J’habite en ce moment?

Suis-je avec toi étrangère ?

Ou peut-être ma cécité s’obstine-t-elle à rôder

Dans les chambres à coucher

Où repose la mort, la très belle mort?



Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy

Paris, le 28 mai 2008




A t h a n a s e V a n t c h e v d e T h r a c y
38 Boulevard Flandrin
75116 Paris
FRANCE




III



Aniquirona

Quand je suis sous les escaliers de la maison

J’ai l’impression de vivre une autre façon d'arriver à Schuaima –

le royaume du grand lointain –

il se peut que descendre

est une autre forme d'ascension.




De l'autre côté de ce jour

Se trouve le train qui doit nous transporter.


Il pleut,

Il pleut

Minutes,

Route contraire,

le chemin qui va

En frappant contre le claquement des paysages.


Par la fenêtre

On voit le pont des arbres

Une porte

Un arbre d'oiseaux bleus

La rivière des escargots

Tout s’agglutine à notre voyage

Seul le train va son chemin

Et avec lui

Le chant distant des rails

La musique de la rue

La voix continuelle de la pluie

Une lumière lointaine qui m'appelle.

Silence, silence!

Je suis hapé par le vent

Je flotte

Je me rends compte

Que la mort est musique

Qu’il faut écouter la mort

Avec les oreilles éveillées.



Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy




A t h a n a s e V a n t c h e v d e T h r a c y
38 Boulevard Flandrin
75116 Paris
FRANCE




Que faisai-je
Au milieu de ces gens-là?
De ce village plongé dans l’obscurité?
Pourquoi ces paroles m’interpelaient-elles ?
La lumière baisse à moitié
Nul besoin de te déshabiller.

Aimons-nous ainsi,
Sans nous toucher,
Sans nous regarder,
Aimons-nous sans même nous voir,
Dans le clair-obscur,
Sans nous soucier des erreurs et des disputes.

Là, je t'aime
Comme tu le souhaitais,
Sans nous dévêtir,
Sans que j’écoute ta respiration,
Sans que tu écoutes la mienne.

Pourquoi au sortir de cette pièce obscure
Courait cette brise rédemptrice?

Les places étaient remplies de visages souriants,
Je n’ai reconnu personne,
Mais la brise continuait à affluer
Et la lumière d’un soleil lointain
N’éblouissait pas ma route.



Traduit en français par Athanase Vantchev de Thracy




A t h a n a s e V a n t c h e v d e T h r a c y
38 Boulevard Flandrin
75116 Paris
FRANCE

ANIQUIRONA, XIV- EN PORTUGUÉS


Estrangeira

hei de questionar

até que ponto a solidão e o olvido são benditos

até que ponto

ensimesmar-se no naufrágio

seja um ato de navegação até o cosmo.

O apaziguamento

é preciso

para encontrar o fantasma da outra margem

e o silêncio

é a enramada

que povoa de juncos e de ecos

este espelho de que pende

a imagem dos homens.

Qual dos quartos do olvido

habito neste instante?

Estou contigo, forasteira?

Ou, acaso, persiste a cegueira

nas longas caminhadas

pelas alcovas onde repousa a belíssima morte?




TRADUCCIÓN DE ANTONIO MIRANDA

Straniera, de Winston Morales Chavarro


Straniera
Danza di fuoco
So che la morte
e’ ascoltare altre voci
E per questo
porgo il mio udito
alla caduta del tuo fiume.

Cerco la morte
E vado muto tra le pietre,
Cerco questa voce,
forse lontana?
forse vicina?
Forze dentro di me
Mascherata dentro di me.

Io so che lí
Nel silenzio buio dello specchio
Si trova il suono orchestrale
di un’ altra mattina,
La mia testa s’ aggita col vento
E piove,
Piove e ho conosciuto con la pioggia
Il dizionario aperto dal sentiero.


Trad. Di María Enza Giannetto




Bella è Eva
Bello il serpente che la circonda
L'albero che cresce nella sua vita
Il frutto carnoso che le sue labbra
mostrano
Mentre poggiano sull'ocarina
Musica al confine del bosco.
Belli i suoi capelli
-Corvi scuri che ricadono sulle sue
odorose spalle-
il suo naso che respira altri mondi
e crea per così tanti labirinti
i fiori e le ghirlande che li
sostituiranno.
Bella è Eva
Belle le sue caviglie
Le orme che disegna sulla sabbia
Per tracciare il cammino verso luce
ed ombre.
Belli i figli che ha scaraventato nel
mondo
Il fiume che discende le colline del
suo ventre
Il vulcano dei suoi occhi di fuoco.
Bella questa costola pensante
Questa polvere sacra
Questa canna aromatica
Che custodisce nei suoi fragranti
semi
Un'altra mela per le stagioni di
pioggia.

Trad. Di Antida Vetrano

PAPYRUS TO LAZARUS SISTERS


PAPYRUS TO LAZARUS SISTERS


They walked in the mornings by the monasteries of Betfagé I saw them their eyelids turnout By the insomnia the darkness Of their bodies caused me. I knew the hour of their transit. I knew they paraded naked through the stairs in the woods Before dawn And the lofty murmur of the planets They were Martha and Mary Lazarus sisters, They were like two drops of rain Over the desertic sands of Caparnaum Like twilight's petal Over the misty Tiberíades nights. Despite the second resurrection of the flesh They continue thinking of the raising of the house in three days, Resurrecting Betanio To infect with beauty the scribes of the temple. Even after the Nazarene's death they remained beautiful Beautiful till the fulfillment of the last roads The only thing that differentiated them Was the inscrutable fragrance of their clothes The color of their lips Retouched by the thickness of the woods They walked in the mornings by the monasteries of Betfagé In their vegetal vortex by the river's banks They paraded naked like corn-fly, cajetos or weeping willows In their travelogue toward the lighted lamps in the dark Neither the tile, nor the chicoras or cafhíes Provoqued within me so many beautiful things Like the sound of their voices In the backyard of those remote houses. They were unbearably beautiful Youthful, pensive, Tall, like the silver trees in the synagogues Where they raised their songs And their distant virgin prayers. While a sinner like myself Suffered his confinement, beared his anguish And confronted his calvary. They, the naive ones Doubly naive Three times more beautiful They sang their disdain toward the men of the earth.
Translated by Luis Rafael Gálvez
Taken from: Alexander de Brucco Memories.
Winston Morales Chavarro